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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/198

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Declari et Dipanon cherchaient à comprendre cette conclusion aussi étrange que nouvelle. Max ne s’aperçut pas de leur ébahissement, et il continua :

— Leurs traits étaient d’une telle noblesse qu’on ressentait une sorte de honte de n’être qu’un homme !.. et non une étincelle… un rayon !… non, ce serait encore de la matière… une pensée oui… une pensée ! — Mais, tout à-coup un frère ou un père surgissait, et se plaçait à leurs côtés… Oui, ces femmes avaient des frères et des pères… et Dieu me pardonne… il me semble bien en avoir vu une qui se mouchait !…

— Je savais bien que tu finirais par tirer une ligne noire sur ce joli dessin ! fit Tine.

— Est-ce ma faute ? Moi, j’aurais préféré la voir tomber raide-morte ! Une pareille profanation ? Est-ce permis ? Est-ce acceptable ?

— Mais, Monsieur Havelaar, si la fille, dont vous parlez, était enrhumée… il fallait pourtant bien… s’écria Dipanon.

— Il ne fallait pas qu’elle fût enrhumée avec un nez comme le sien !

— Oui, mais…

Le diable s’en mêla. Tine se mit à éternuer… et avant même d’y penser, instinctivement elle se moucha.

— Cher Max, tu ne m’en veux pas ? fit-elle, se retenant de toutes ses forces pour ne pas rire aux éclats.

Il ne répondit rien ; et folie ou non, il n’était pas content le moins du monde. Ce qu’il y eut de plus étrange en cela, c’est que Tine se réjouit fort de sa mauvaise humeur. Elle était ravie de voir qu’il se montrât plus exigeant avec elle, qu’avec les belles