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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/203

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— Ah ! oui… j’oubliais… il faut me pardonner… dans ce temps là, j’étais poëte à mes heures… je faisais des vers… c’était sublime… écoutez plutôt :


» Vous demandez pourquoi l’Océan,
Qui mouille les côtes de Natal,
Ailleurs est engageant et doux,
Tandis que dans la rade de Natal il mugit,
Écume et s’agite sans cesse !…

Vous interrogez le jeune pêcheur :
Sans se soucier de vos questions,
Son œil foncé, se tourne
Vers l’horizon, sans fin,
Vers l’Ouest, fort éloigné.

Son regard devient sombre ;
Il regarde l’Ouest en face…
Il signale et montre, autour de vous,
De l’eau, de l’eau, dans le lointain,
La mer, rien que la mer !

Voilà pourquoi l’Océan
Y bat la plage impétueusement
Rien que la mer devant vous !
De l’eau, de l’eau, rien que de l’eau,
Jusqu’au rivage de Madagascar !…

Oui, mainte offrande fut
Sacrifiée à l’Océan !
Plus d’un cri poussé par le naufragé,
Dernier adieu jeté à la femme ou à l’enfant,
Ne monta que vers Dieu !

Bien des fois, un bras crispé
Sortit de la mer
Cherchant une épave,
Et à défaut d’appui,
S’enfonça et disparut, pour toujours !