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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/214

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tes rendus. Mais, à cette époque, c’était partout et presque toujours ainsi ! Peu de temps après la prise de Barous, de Capous et de Singkel, la situation était si tendue, il régnait une telle agitation, dans le Nord de Sumatra, qu’on eût été bien mal venu à chercher des puces à un jeune homme, qui aimait mieux monter à cheval que compter de l’argent ou mettre à jour son livre de caisse. Rien ne marchait régulièrement, et, vrai, on ne pouvait exiger de ma part l’assiduité et l’ordre d’un teneur de livres d’Amsterdam au mois, qui n’aurait pas eu autre chose à faire. Le pays de Battah était soulevé, et vous le savez, Dipanon, tout ce qui se passe à Battah retombe sur Natal, et y a son écho. La nuit, je dormais tout habillé, pour être prêt, en cas de besoin ; et ce cas-là se présentait souvent. Outre cela, j’avais une épée de Damoclès suspendue sur ma tête ; peu de temps avant mon arrivée, un complot imminent venait d’être découvert. On voulait tout simplement assassiner mon prédécesseur, et faire une petite révolution. Le danger a toujours son attrait, surtout pour une jeune tête de vingt-deux ans ; et cet attrait vous rend peu apte au travail des bureaux, ou vous détourne facilement de la rigoureuse, et régulière gestion des affaires financières. De plus, j’avais dans la cervelle toute sorte de folies…

— Il n’y en a plus besoin… cria Madame Havelaar à l’un des domestiques, qui venait de lui parler tout bas.

— On n’a plus besoin de quoi ?

— J’avais donné l’ordre, à la cuisine, d’apprêter encore quelque chose… une omelette ou un plat quelconque !…

— Ah !… Et il n’y en a plus besoin parce que