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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/215

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je parle de mes folies ? Tine, vous n’êtes qu’une méchante !… Cela m’est bien égal à moi, mais ces messieurs ont aussi voix au chapitre… Dipanon, que choisissez-vous, votre part d’omelette, ou la fin de mon récit ?

— Vous me mettez dans une position délicate, répliqua Dipanon, et je suis trop poli pour vous répondre.

— Moi, je préférerais ne pas choisir, non plus, ajouta Declari. Somme toute, il s’agit ici de choisir entre monsieur et madame, et, vous le savez, entre l’arbre et l’écorce il ne faut pas mettre le doigt.

— Je vais vous aider, Messieurs, l’omelette est…

— Madame, interrompit Declari avec une exquise politesse, à coup sûr, l’omelette doit valoir tout autant que…

— Que l’histoire !… d’accord, pour peu qu’elle ait l’ombre de valeur. Mais, il y a une difficulté…

— Je parie qu’il n’y a pas encore de sucre, dans la maison ! s’écria Dipanon ; envoyez donc chercher chez moi, tout ce dont vous pouvez avoir besoin.

— Il y a du sucre… le sucre de madame Sloterin. Non, ce n’est pas cela. D’ailleurs, si l’omelette était bonne cela lèverait toute difficulté, mais…

— Mais.. quoi donc, Madame ? Est-ce qu’elle serait tombée dans le feu !…

— Je le voudrais presque. Non, elle n’est pas tombée dans le feu !… Elle est…

— Mais, Tine, qu’est-ce qu’elle est donc, enfin ? demanda Havelaar.

— Mon cher Max, elle est impondérable, comme tes Artésiennes… devraient l’être ! Je n’ai pas d’omelette ! Je n’ai plus rien à vous donner !

— Alors, au nom de ciel ! soupira burlesquement Declari, continuez votre narration.