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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/219

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dang, le public, — c’est-à-dire : tout le monde et personne — s’aperçut qu’on avait suspendu ce contrôleur tout simplement pour éloigner le sous-préfet. De la sorte, on évitait ses recherches, on l’empêchait de faire n’importe quelle instruction criminelle sur la disparition de l’enfant, ou tout au moins on les ajournait indéfiniment. Plus elle était retardée, plus l’affaire devenait difficile à instruire, à éclairer. Était-ce vrai ? n’était-ce qu’un cancan ? Je l’ignore, je vous le répète ; mais, connaissance prise par moi-même de la moralité et des habitudes du général Vandarame, cette version me semble digne de foi.

À Padang, nul ne doutait, qu’il ne fût parfaitement capable d’un tel procédé. Son immoralité était notoire. La plupart de ses administrés lui reconnaissaient néanmoins une qualité, une seule, le courage en face du danger. Si j’avais partagé cette opinion, moi, qui l’ai vu en face de ce même danger, si j’avais été convaincu, qu’après et malgré tout, c’était un brave à trois poils, je ne sais pas si je me serais décidé à vous raconter la présente histoire.

Il est vrai qu’à Sumatra il avait fait sabrer un tas de pauvres diables ; mais il aurait fallu voir cela de près, pour apprécier tant soit peu cet acte de bravoure.

Si étrange que la chose puisse vous paraître, je crois que le général devait en grande partie sa gloire militaire à la loi des contrastes, à la manie de l’antithèse qui nous possède tous, plus ou moins.

On dit volontiers : Pierre ou Paul est ceci, ceci, ou ceci… mais il est cela ! Et cela, il faut le lui laisser ! Vous pouvez tenir pour certain qu’on vous écrasera sous la louange, si vous avez le bonheur de posséder un défaut bien net, bien apparent. Vous,