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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/241

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à gauche, j’en demandai à Pierre et à Paul, mais je demeurai réellement confondu en me voyant éconduit de tous côtés, et refusé par les uns ou par les autres. À Padang, comme partout ailleurs dans les Indes, on n’y regarde ordinairement pas de si près. En tout autre cas, on aurait avancé, sans difficulté aucune, quelques centaines de francs à un contrôleur en voyage, et pris au dépourvu.

Mais, il n’y avait pas à se faire d’illusion ; on me refusait toute aide et tout secours.

J’insistai auprès de quelques personnes, les priant de m’expliquer leur inconcevable défiance.

De fil en aiguille, je finis par découvrir que j’étais accusé d’infidélités et de prévarications dans ma gestion ; et cela, par suite de diverses négligences et erreurs trouvées dans ma comptabilité.

Qu’on eût déniché des négligences, ou des erreurs dans mon administration, c’était à mon compte, la chose la plus simple du monde, et j’étais loin de m’en étonner ; — entre nous, le contraire seul m’eût pu combler de surprise ; — mais, que le gouverneur qui avait vu, par lui-même, comme quoi j’étais sans cesse forcé de m’absenter de mes bureaux pour combattre le mécontentement de la population, et pour apaiser de continuelles tentatives de révolte ou de sédition, que lui, qui m’avait tant loué de ce qu’il appelait : ma fermeté, que lui, le gouverneur, taxât de malversation, ou d’infidélité, les négligences commises, ah ! voilà ce qui me fit tomber de mon haut !…

Mieux que personne, il pouvait, il devait savoir que, dans le cas présent, il y avait force majeure.

En supposant qu’on ne voulût pas admettre ce cas de force majeure ; en allant même jusqu’à me rendre responsable de fautes commises en mon