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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/245

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pris ma nomination à Padang pour une faveur ; bien plus, à mon sens, c’était la preuve que ma manière d’agir, tant soit peu gênante pour lui, l’avait rempli d’admiration à mon endroit !

Vous allez voir comme je le connaissais peu, en ce temps-là…

Mais, dès que je fus édifié sur la cause de l’animosité, de la sévérité avec laquelle on jugeait ma gestion financière, je fus en paix avec moi-même.

Je m’empressai de répondre, point par point, et de mon mieux, finissant ma lettre, dont j’ai encore la minute entre les mains, par les phrases suivantes :

» J’ai répondu aux observations faites sur mon administration, le plus complètement possible, ne possédant ni notes justificatives, ni pièces locales. Je prie donc votre Excellence, de mettre de côté toutes considérations de bienveillance personnelle à mon égard.

Je suis jeune, et ne suis qu’un atome en présence des idées régnant actuellement, idées contre lesquelles ma conscience me donne l’ordre de lutter ; néanmoins, je resterai fidèle à mes principes d’indépendance et de liberté morales.

Je tiens à mon honneur. »

Le lendemain, j’étais suspendu pour cause de malversation ; et le ministère public était chargé de me poursuivre.

Et me voilà, comme vous le voyez, à Padang, isolé, à peine âgé de vingt trois ans, en face d’un avenir, qui pouvait m’apporter l’infamie et le déshonneur.

On me conseillait de mettre ma jeunesse en avant ; — comme je viens de vous le dire, je n’avais pas encore vingt trois ans, et j’étais mineur au moment où les