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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/246

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prétendus délits avaient été commis, — mais je ne le voulus pas.

J’avais trop pensé, trop souffert, et j’ose le dire, trop travaillé, pour m’abriter derrière ma jeunesse.

Par la fin de la lettre que je viens de citer, vous pouvez reconnaître que je n’entendais pas être traité en enfant, moi, qui, à Natal, en présence même du général, avais fait mon devoir comme un homme.

Vous pouvez voir, en même temps, dans cette lettre, que l’accusation portée contre moi ne reposait sur aucune base sérieuse ; un coupable n’aurait pas répondu d’une si fière façon.

On ne m’arrêta pas.

Pourtant, j’aurais dû être arrêté, pour peu qu’on eût pris au sérieux cette accusation criminelle.

Peut-être cet oubli apparent avait-il son motif ?

On doit au prisonnier le logement, l’entretien et la nourriture.

Moi, qui ne pouvais pas quitter Padang, j’étais bien prisonnier, mais prisonnier, sans prison pour abriter ma tête, et sans un sou pour m’entretenir.

Je n’avais littéralement pas de quoi m’acheter du pain.

J’avais écrit plusieurs fois au général qu’il n’avait pas le droit de me retenir à Padang, et qu’en admettant même que je fusse coupable du plus grand crime, je n’en connaissais pas qui vous fît condamner à mourir de faim.

Je ne reçus pas de réponse.

Quoique le conseil de justice, visiblement embarrassé de mon affaire, eût trouvé un moyen de s’en débarrasser en se déclarant incompétent, — les poursuites pour cause de malversations ne pouvant avoir lieu que par autorisation spéciale du Gouver-