Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il se fait qu’à présent nous ayons, à notre gauche, le soleil, qui peu auparavant se trouvait à notre droite ; et je ne m’étonnerai pas en apercevant, derrière nous, cette colline, dont nous voyions la cime devant nous, il y a quelques instants à peine.

Par ces détours, ces zigzags, ces écarts, vous m’avez fait apprécier notre promenade. Je la comprends ; et comprendre, c’est jouir.

Moi, lecteur, je vous ai laissé souvent sur la grand’route, quoiqu’il m’en coûtât beaucoup de ne pas vous entraîner quelque peu dans les broussailles… Je craignais que cette promenade ne vous ennuyât ; puis, dame ! Je ne savais pas trop si vous aimeriez les fleurs ou les plantes que je voulais vous indiquer. Mais, pensant qu’il vous sera agréable plus tard d’avoir examiné le chemin que nous allons prendre tout-à-l’heure, je n’hésite pas à vous donner quelques détails sur la maison de Havelaar.

On se méprendrait fort en se représentant une maison, aux Indes, sur les données d’un immeuble européen !

En Europe, ce mot-là vous met immédiatement, sous ou devant les yeux un tas de pierres, de chambres, de cabinets, entassés les uns sur les autres, donnant sur la rue, avec d’autres tas de pierres de même forme, leur servant de voisins à droite et à gauche ; derrière votre tas de pierres, devenu un temple domestique, vous installez un petit jardin orné de trois groseilliers.

Non, vous n’y êtes pas.

Aux Indes, à peu d’exceptions près, les maisons n’ont pas d’étages. Cela peut paraître étrange au lecteur européen, car la civilisation a cela de propre qu’elle trouve toujours étrange ce qui est… tout simplement… naturel.