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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/355

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La maisonnette, où ils vivaient autrefois à Badour, resta inhabitée. Un beau jour, elle s’écroula.

Construite avec des bambous, et recouverte de feuilles aquatiques, entre autres de lis d’eau, elle ne pouvait durer longtemps.

Elle disparut.

Un tas de poussière fangeuse, et de détritus, recouvrit bientôt le sol où tant de larmes avaient été versées.

Il y a beaucoup d’endroits pareils, à Lebac !

Saïdjah avait quinze ans lorsque son père partit pour Buitenzorg. Il ne l’accompagna pas, ayant bien autre chose en vue.

Il venait d’apprendre, qu’à Batavia beaucoup de riches personnages allaient en tilburys, et qu’il lui serait facile de trouver une place de groom, ces domestiques étant choisis parmi les plus jeunes ; en effet, leur léger poids était d’un grand avantage pour le service d’une voiture à deux roues ; ce n’était pas une surcharge ; c’était même une garantie d’équilibre.

Il pourrait, lui avait-on assuré, gagner beaucoup d’argent dans une place pareille, s’il se conduisait bien ; peut-être même, au bout de trois ans de service, se trouverait-il en mesure d’acheter deux buffles.

Cette perspective lui sourit.

Tout fier de son idée, imposant comme un homme qui se dit : je vais faire quelque chose de grand, aussitôt son père parti, il se rendit chez Adenda, et lui communiqua son projet.

— Vois un peu, ma chère Adenda, lui dit-il, à mon retour nous serons d’âge à nous marier, et nous posséderons deux buffles pour notre entrée en ménage.

— Très bien, Saïdjah, je me marierai volontiers avee toi, à ton retour. En t’attendant, je tisserai des