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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/37

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Et son nom se trouvait au bas de ce fatras, en toutes lettres. Je le passe, ne voulant humilier personne.

Vous devinez, cher lecteur, la figure que je fis, en voyant qu’on me proposait de m’élever à la dignité de commissionnaire en vers !

Je suis certain que si l’Homme-au-châle, — ce sera le seul nom que je lui donnerai, — m’avait rencontré en plein soleil, il ne m’aurait pas adressé une pareille demande. J’ai l’air d’un homme grave, et d’un homme comme il faut. Mais, il faisait nuit ; je n’ai donc pas le droit de m’en formaliser.

Il va sans dire que j’avais l’intention bien arrêtée de ne pas mettre le nez dans ses élucubrations. Je lui aurais bien fait remettre son paquet par Frédéric, mais j’ignorais son adresse, et il ne me donna plus signe de vie. Je pensai qu’il était malade ou mort.

La semaine passée, il y avait réunion chez les Rosemeyer qui travaillent dans les sucres. Frédéric nous accompagnait pour la première fois. Il a seize ans, et je trouve bon qu’un jeune homme aille dans le monde. Autrement il court au marché de l’Ouest ou dans tout autre mauvais lieu. Les jeunes filles pianotaient et chantaient ; puis, laissant le piano, elles se mirent à table ; au dessert, on vint à parler de choses et d’autres, et l’on taquina Frédéric sur quelque chose qui lui était arrivé au salon, tandis que dans une pièce éloignée, nous faisions une partie de whist à la mode de Gand.

— Oui ! oui ! s’écriait Elisabeth Rosemeyer, Louise a pleuré ! Papa, Frédéric a fait pleurer Louise !

Ma femme fut d’avis que puisqu’il en était ainsi, Frédéric ne nous accompagnerait plus à la réunion. Elle supposait qu’il avait pincé Louise, ou commis