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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/372

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Déjà le soleil s’élevait, et son ardeur commençait à gagner l’atmosphère.

Saïdjah reprit :


» Voyez comme le soleil brille là-haut,
Bien au-dessus de la colline,
Il se sent trop ardent, et il désire redescendre,
Pour se coucher dans la mer,
Comme dans les bras d’une épouse.
Salut à toi, ô soleil, je te souhaite du bonheur !
Toi, tu trouveras, certes, ce que tu cherches ;
Mais, moi, seul, assis sur la lisière de cette forêt,
J’attends où reposer mon cœur.
Depuis longtemps déjà le soleil sera redescendu,
Et, lui, il se couchera dans la mer,
Quand les ténèbres seront revenues ;
Et moi, j’aurai toujours l’âme,
Et le cœur amèrement tristes… Adenda ? »


Et il n’y avait toujours personne sur le chemin, qui va de Badour à l’arbre !…

La voix de Saïdjah continua sur le même ton plaintif :


» Quand il ne voltigera plus de papillons,
Quand les étoiles auront éteint leurs feux,
Quand le jasmin n’aura plus de parfum,
Quand il n’y aura plus de cœurs affligés,
Ni de bêtes fauves dans les forêts,
Quand le soleil reprendra sa marche,
Et quand la lune prendra l’Est pour l’Ouest,
Alors, si Adenda n’est pas venue,
Un ange aux blanches ailes
Descendra sur la terre pour y
Chercher ce qui y sera resté.
Mon corps sera là, gisant au pied de l’arbre.
Mon âme est amèrement triste… Adenda. »