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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/373

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Rien ! Rien ! Personne sur le sentier qui va de Badour à l’arbre !…


» Et l’ange apercevra mon corps,
Il l’indiquera du doigt à ses frères :
Voici un mort qu’on a oublié…
De ses lèvres glacées il baise une fleur fanée,
Venez l’enlever avec moi pour le porter au ciel,
Celui, qui a attendu Adenda jusqu’à la mort,
Certes, il ne peut pas être délaissé, là, seul,
Lui, dont le cœur eût la force de tant aimer !
Alors mes lèvres glacées appelleront
Une dernière fois l’Adenda de mon âme,
Elles embrasseront une dernière fois le jasmin,
Qu’elle me donna… Adenda… Adenda ! »


Et personne ne paraissait sur le sentier, qui va de Badour à l’arbre !…

Oh ! assurément, au petit jour, elle était tombée de sommeil, fatiguée d’avoir veillé toute la nuit lasse, d’avoir attendu tant d’autres nuits ! Elle n’avait pas dormi depuis des semaines… C’est cela !

Partira-t-il pour Badour ?

Non, ce serait douter d’elle.

Questionnera-t-il cet homme qui, là-bas, mène son buffle au champ ?

Non, cet homme est trop loin, et d’ailleurs, Saïdjah ne voudrait pas parler d’Adenda… Il ne veut point prononcer son nom… Il veut la revoir, elle, elle seule, elle, la première. Allons, allons ! Elle va venir ! Elle viendra bientôt !

Il attendra !

Il attendra !

Mais, si elle allait être malade… si elle était morte !

Comme un cerf blessé, il court, il vole, tout le