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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/379

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Batavia, à l’occasion de la nouvelle victoire, qui couvrait de lauriers l’armée indo-hollandaise.

Le gouverneur-général annonça que l’ordre était rétabli à Lampong, et le Roi de Hollande, sur la proposition de ses ministres, fit pleuvoir une averse de décorations sur ses héroïques défenseurs.

Et le dimanche, à l’heure où les prières s’élancent du cœur des croyants, des actions de grâces s’élevèrent sans doute vers le ciel, à la nouvelle que le Dieu des batailles avait combattu une fois de plus sous le drapeau hollandais.


Mais, ce jour-là, l’encens avait une acre odeur de sang !
Et Dieu ne l’accepta pas.


Je pouvais dans ce récit dérouler des tableaux encore plus terribles, ayant là, devant moi, sous les yeux… eh bien ! non ! J’aime mieux abréger l’histoire de Saïdjah. Laissez-moi plutôt vous faire un aveu.

Oui, un aveu !

Je ne sais vraiment pas si Saïdjah aimait Adenda ; je ne sais s’il est revenu à Badour, et s’il est tombé à Lampong sous des baïonnettes hollandaises. Je ne sais pas si son père a succombé sous les coups de bâton qu’on lui donna pour avoir quitté Badour sans feuille de route ; je ne sais pas, non plus, si Adenda a compté, et marqué les lunes sur son billot à piler le riz.

Tout cela, je l’ignore.

Mais, je sais mieux, et plus que tout cela.

Je sais, et je puis le prouver, qu’il existe beaucoup d’Adendas, et beaucoup de Saïdjahs ; et que ce qui est une fable, dans le cas présent, est une vérité, au point de vue général. Je pourrais citer les noms