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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/380

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des personnes que l’oppression a chassées de leur pays, ni plus, ni moins que les parents d’Adenda, et de Saïdjah. Mon but n’est pas de produire ici les témoignages que l’on demanderait dans une cour de justice ayant à se prononcer sur la manière dont le Gouvernement hollandais fonctionne aux Indes.

D’ailleurs ces communications n’auraient force de preuve que pour tout individu ayant la patience de les lire du commencement jusqu’à la fin, ce qu’on ne peut attendre d’un public qui, dans la lecture, ne cherche qu’une distraction.

C’est pour ce motif, qu’au lieu d’une énumération aride de noms, de lieux, de dates, au lieu d’une copie de la liste des vols, et concussions, qui se trouvent sous mes yeux, j’ai essayé de faire une esquisse de ce qui peut se passer dans le cœur des pauvres diables que l’on prive du nécessaire ; je me suis même borné à le laisser supposer, craignant de porter à faux dans l’ébauche d’émotions que je n’ai pas ressenties.

Le point essentiel, pour moi, et en même temps mon plus vif désir, sont d’être appelé à confirmer, et à prouver ce que j’ai avancé.

Je voudrais qu’on osât me dire vous l’avez inventé, ce Saïdjah ; jamais il n’a chanté son chant de désespoir ; il n’existe pas d’Adenda, qui ait habité Badour.

Seulement, que cela me soit dit par quelqu’un, qui aura la volonté, et le pouvoir de faire justice, dès que j’aurai prouvé que mon récit n’est ni une invention, ni une calomnie.

La parabole du Samaritain miséricordieux est-elle un mensonge, parceque, sans doute, jamais nul voyageur dévalisé n’a été recueilli dans une demeure samaritaine ?