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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/394

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Le cher homme était assurément en train de rédiger son rapport annuel sur l’ordre régnant à Bantam, sa Varsovie !

J’ai sa lettre devant moi, et je n’en crois pas mes yeux !… Je relis celle du sous-préfet de Lebac. Je les mets, le préfet de Bantam, Filandré, et lui Havelaar, en présence, côte à côte, l’un près de l’autre, et je ·   ·   ·   ·   ·   ·   ·   ·
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Oh ! cet Homme-au-châle, c’est une vraie canaille !

Lecteur, il faut que je vous dise que, dans nos bureaux, Bastien recommence ses absences, pour cause de goutte. Or, comme je me fais un cas de conscience de jeter par la fenêtre l’argent de la raison sociale, Last & Co, — vous savez que je suis à cheval sur les principes, — l’idée m’est venue avant-hier que l’Homme-au-châle ayant une belle écriture, et se trouvant dans une misère profonde serait enchanté d’entrer chez nous ; je réfléchis par la même occasion que je devais à la raison sociale de pourvoir au remplacement de Bastien, et cela au plus bas prix.

Je me rendis donc rue Longue-transversale-de-Leyde

La marchande était dans sa caisse, mais elle ne parut pas me reconnaître quoique dernièrement je lui eusse dit qui j’étais :

Monsieur Duchaume, commissionnaire en cafés, du Canal des Lauriers.

Il y a toujours quelque chose de blessant à voir qu’on ne vous reconnaît pas.

Mais, aujourd’hui il ne fait pas très froid ; et comme la dernière fois j’avais mon pardessus en fourrures, j’attribuai cette non reconnaissance à mon changement de costume, et je ne me formalisai pas de cette offense.