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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/395

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Donc, pour la seconde fois, je lui dis qui j’étais :

Monsieur Duchaume, du Canal des Lauriers, commissionnaire en cafés ;

et je la priai d’aller voir si l’Homme-au-châle était chez lui, parceque je ne voulais plus avoir affaire à sa femme ; cette femme-là a toujours l’air mécontent.

Mais, la marchande de bric-à-brac refusa d’y monter. Elle ne pouvait, me dit-elle, grimper toute la journée l’escalier pour ces gueux-là. Je n’avais qu’à y aller voir moi-même.

Et là dessus il me fallut avaler son boniment ordinaire de marches et de paliers, boniment, qui m’était complètement inutile, vu que je reconnais toujours un endroit où j’ai passé. J’ai l’œil à tout ; c’est une habitude que j’ai prise dans les affaires.

Je montai donc autant de marches qu’il le fallait, et je frappai à cette porte que je reconnus. La porte céda, et s’ouvrit. J’entrai, et ne voyant personne dans la pièce, je me mis à regarder autour de moi.

Ma foi, il n’y avait pas grand’chose à voir : un demi pantalon d’enfant avec une bande brodée, sur une chaise… Je vous demande un peu pourquoi ces gens-là portent des pantalons brodés !

Dans un coin gisait une malle de voyage, pas très lourde, — je sais cela parce-que sans y penser je pris une des poignées de la malle, et je la soulevai.

Sur la cheminée se trouvaient quelques livres. J’y jetai les yeux. C’était un assemblage bizarre. Il y avait là deux volumes de Byron, un Horace, Bastiat, Béranger, et… et devinez, lecteur ? Une bible complète, contenant les livres apocryphes.

Je ne m’attendais pas à cela chez l’Homme-au-châle.

On avait même l’air de s’en être beaucoup servi, car je trouvai pas mal d’annotations, sur des feuilles