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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/423

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— Mon fils, s’écria-t-il, quand on te dira que ton père était un misérable, n’ayant pas le courage de faire justice… quand on te dira que tant de mères sont mortes par sa faute… quand on te dira que sa négligence a enlevé la bénédiction de ta tête chérie… ô mon fils… ô Max… mon cher petit Max, tu seras là pour rendre témoignage de ce que je souffrais, de ce que j’ai souffert, et de ce que je souffre en ce moment…

Et il éclata en sanglots que les baisers de Tine eurent de la peine à sécher.

Cela fait, elle porta le petit Max dans son lit, qui n’était autre qu’une natte de paille.

À son retour elle trouva Havelaar causant avec Dipanon et Declari, qui venaient d’arriver.

On parlait de la réponse que Max attendait du Gouvernement.

— Je comprends très bien que le préfet se trouve dans une situation difficile !… disait Declari. Il ne peut conseiller au Gouvernement de donner suite à vos propositions. La lumière se ferait trop grande pour tous, et pour tout. Il y a déjà long-temps que je vis dans le pays de Bantam, et j’en sais long, bien plus long que vous-même, monsieur Havelaar ! J’étais déjà dans le pays à l’époque où je n’étais que simple sergent, et, vous comprenez, dans cette position-là on vient à apprendre des choses que l’indigène n’ose guère dire aux fonctionnaires. Mais, si, aujourd’hui, après une enquête publique, tous ces abus sont étalés au grand jour, le Gouverneur-général se verra obligé de citer le préfet, pour se justifier, et de lui demander raison de ce qu’il n’a pas découvert en deux ans ce qui vous a sauté aux yeux, en un clin d’œil ! Il n’est pas difficile de conclure qu’il fera tout au monde pour éviter pareille enquête !…