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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/122

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TÄSHHORN

circonspection le long d’un gros bloc d’une stabitité douteuse et en équilibre sur l’arête comme une « pierre branlante ».

Trois ou quatre vilains mètres viennent ensuite, puis nous entendons le joyeux « Kommen Sie nur, Alexander » « Venez seulement, Alexandre ». L’ancre de veille de la caravane étant filée, j’avais à suivre, et j’étais aux anges de trouver que je pourrais accomplir sans aide un mauvais pas qui, une minute ou deux auparavant, semblait infranchissable aux plus forts et aux plus hardis.

À le regarder en arrière, le rocher que nous venions de quitter était étrange à l’extrême ; bien qu’au sommet il eût 6 à 8 mètres en largeur, il allait s’amincissant de manière à ne pas avoir plus de 60 centimètres au pied de sa chute ; il semblait même qu’un bon coup de piolet l’aurait envoyé tout entier sur le Glacier de Weingarten. Et, comme des vapeurs entouraient en tournoyant ses à pics, il paraissait chanceler déjà, comme s’il allait tomber. Mais il est maintenant 4 h. soir, et nous sommes encore loin de la bande de neige désirée ; aussi, pendant que l’on aide Andenmatten il passer ce mauvais pas, mon mari se détache, se met au travail et grimpe à un des abrupts échelons de l’arête. La corde nous est ensuite envoyée ; avec son assistance, Alexandre exécute l’escalade à son tour et se trouve en position d’aider le reste de la caravane. Cette manière de procéder est alors répétée. Les rochers suivent les rochers, ici rocailles folles qui partent au moindre toucher, lit contreforts à pic dont l’accès n’est possible qu’avec l’usage des fortes épaules de Burgener comme marchepied. Tout d’un coup, pourtant, les difficultés semblent cesser ; puis notre chef se remet à la corde, et nous faisons résonner les rochers sous nos