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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/63

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L’ARÊRTE DE ZMUTT

de départ envoyé à nos amis, nous descendons rapidement les pentes jusqu’à la cabane. Il nous fallut pourtant prendre grand soin d’éviter les verres cassés et les boîtes de sardines accumulées en larges quantités. Une courte halte et nous voici dégringolant vers le Glacier de Furggen. À 5 h. 30 soir, nous débouclions nos guêtres sur la moraine en-dessous du Hörnli. Une heure et demie plus tard nous vagabondions dans la grande rue de Zermatt, et nous savourions bientôt, comme de simples mahométans, la « récompense des fidèles »[1].

Note. — Autant que j’ai pu m’en enquérir, l’ascension, jusqu’à 1894, n’a été refaite qu’une fois. Le 27 août de cette année-ci [1895], S. A. R. le duc des Abruzzes, le Dr Norman Collie et moi, nous sommes allés bivouaquer sensiblement plus bas que mes premiers quartiers. Sous la conduite du jeune Pollinger, qui était le seul professionnel de notre caravane, nous avons pris à droite de mon ancienne route, et, atteignant le Glacier de Tiefenmatten, nous l’avons longé jusqu’à l’endroit où il aboutit aux falaises du Cervin. Tournant droit alors, nous avons escaladé les pentes dans la direction de l’arête de neige, juste à l’endroit où elle se soude à la dent de rocher.

Nous avons trouvé la montagne presque complètement débarrassée de neige et déglacé, et nous avons pu grimper sans sérieuse difficulté la face située à gauche de l’arête — dans le couloir tombant sur le Glacier du Cervin, — face qui, dans ma première ascension, avait été excessivement dangereuse. Pareille bonne chance nous suivit quand nous émergeâmes sur la face Ouest ; nous y avons trouvé comparativement faciles et simples des

  1. Un court récit de cette belle escalade parut sous la signature de A. F. Mummery, dans l’Alpine Journal de mai 1880, vol. IX, p. 458-62. — M. P.