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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/275

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Le Prince.

Remets-le pour un instant. Tu me le rendras tout à l’heure ; ils seront bien plus pétrifiés, en m’entendant prendre le ton qui me convient, sous ce frac de couleur foncée.

Ils sortent.



Scène VII

Une prison.
FANTASIO, seul.

Je ne sais s’il y a une providence, mais c’est amusant d’y croire. Voilà pourtant une pauvre petite princesse qui allait épouser à son corps défendant un animal immonde, un cuistre de province, à qui le hasard a laissé tomber une couronne sur la tête, comme l’aigle d’Eschyle sa tortue. Tout était préparé ; les chandelles allumées, le prétendu poudré, la pauvre petite confessée. Elle avait essuyé les deux charmantes larmes que j’ai vues couler ce matin. Rien ne manquait que deux ou trois capucinades pour que le malheur de sa vie fût en règle. Il y avait dans tout cela la fortune de deux royaumes, la tranquillité de deux peuples ; et il faut que j’imagine de me déguiser en bossu, pour venir me griser derechef dans l’office de notre bon roi, et pour pêcher au bout d’une ficelle la perruque de son cher allié ! En vérité, lorsque je suis gris, je crois que j’ai