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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/276

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quelque chose de surhumain. Voilà le mariage manqué et tout remis en question. Le prince de Mantoue a demandé ma tête, en échange de sa perruque. Le roi de Bavière a trouvé la peine un peu forte, et n’a consenti qu’à la prison. Le prince de Mantoue, grâce à Dieu, est si bête, qu’il se ferait plutôt couper en morceaux que d’en démordre ; ainsi la princesse reste fille, du moins pour cette fois. S’il n’y a pas là le sujet d’un poème épique en douze chants, je ne m’y connais pas. Pope et Boileau ont fait des vers admirables sur des sujets bien moins importants. Ah ! si j’étais poète, comme je peindrais la scène de cette perruque voltigeant dans les airs ! Mais celui qui est capable de faire de pareilles choses dédaigne de les écrire. Ainsi la postérité s’en passera.

Il s’endort. — Entrent Elsbeth et sa gouvernante, une lampe à la main.
Elsbeth.

Il dort ; ferme la porte doucement.

La Gouvernante.

Voyez ; cela n’est pas douteux. Il a ôté sa perruque postiche, sa difformité a disparu en même temps ; le voilà tel qu’il est, tel que ses peuples le voient sur son char de triomphe ; c’est le noble prince de Mantoue.

Elsbeth.

Oui, c’est lui ; voilà ma curiosité satisfaite ; je voulais voir son visage, et rien de plus ; laisse-moi me pencher sur lui.

Elle prend la lampe.