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Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/290

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NOTES ET IMPRESSIONS

de la mère à seize ans rappelle assez les traits de la jeune fille.

Nullement troublée, l’heureuse lauréate me dit son immense bonheur, mais sans en tirer nulle vanité. Il lui semble tout naturel d’avoir obtenu cette récompense, et elle songe que l’an prochain ce sera le tour d’une autre. Elle ne réfléchit point qu’elle fréquentait depuis un an seulement le Conservatoire, qu’elle n’a pas encore seize ans, et que déjà elle a décroché, il y a quatre mois, le prix Poncin, qui n’avait encore jamais été attribué à une élève de première année.

— Ah ! ce n’était pas ce que je rêvais pour ma fille, ajoute la mère avec un peu de mélancolie. Je ne l’ai jamais quittée, elle a été instruite chez moi, sous mes yeux, par une institutrice d’une grande érudition. Je vais lui faire apprendre toutes sortes d’arts d’agréments, me disais-je, avec cela elle ne s’ennuiera pas. Et voilà qu’un jour, au moment où j’y songeais le moins, elle m’a déclaré qu’elle voulait entrer au théâtre.