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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/156

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À LA HACHE

longueur de deux aunes. On la nomme aussi « chienne ». Et pendant tout l’hiver, surtout lors des nuits hurlantes et grogneuses de froid, on entendra les suppliques, les ordres.

— Félix, chauffe plus fort, la neige à m’timbe sus l’front…

— Maudite truie, on gèle, icite…

— C’te chienne, si j’me lève, a va s’emplir…

— Zigonne… zigonne-la… tu vois ben, pauvre toé, qu’a s’meurt…

Et dans le calme féerique des heures de repos, la « truie » et la « chienne », chauffées à blanc, étirent en flammeroles pétillantes le cordon de bois qu’elles avalent gloutonnement, à toutes les heures…

Revenons à nos… bûcherons !…

Toutes les ouvertures, entre les poutres horizontales du carré, sont fermées. Quatre hommes charroient la mousse humide, avec des sacs. D’autres la massent dans les joints. Rien de plus charmant que ces guirlandes jaunes, rouges, mauves, roses et vertes, en couches légères, qui sèchent en jetant leur parfum de savane, et laissent flotter, à la bonne chaleur, des tiges fragiles. Banderoles légères, rayons poilus, que les braves forestiers caressent souvent, en amis.

— R’garde le beau paquet blond, à ma tête, c’est pareil comme les ch’veux de Césarine…