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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/157

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LA VIE AU CAMP

— Moé, j’en ai ane libêche rouge. A m’rappelle la bouche d’Édouardina.

— Mon père y a autant d’poil sus le buste que ces brindillons gris qui viennent m’chatouiller l’nez lorsque j’dors.

La meule à aiguiser tient une place d’honneur, sous la fenêtre. Dimanche est, pour elle aussi, jour de repos. Il semble qu’elle se courbe davantage, coquettement, lorsque les hommes déposent sur son auge épaisse les savonnettes, la petite bouteille de parfum à 10 sous, la poudre qui « sent pareil à celle de Philomène ». (Comme à Paris, ma chère).

Et ceux qui, toute une semaine durant, ont senti, sur leurs joues avivées, les pincées du froid, la flagellation des ramures, retrouvent tout le bonheur en posant sur des visages lavés cette neige rose, qui, pour eux, résume toute la femme.

Des cordes à linge sont tendues. Jeunes saules ébranchés, de la grosseur du bras, et supportés par des broches, au dessus du poêle, ou plutôt de la… Toute la garde-robe s’y entasse. Les bottes des charretiers laissent tomber leurs miettes de crottin, à côté des chemises secouant de leurs dos les aiguillettes de sapin ou de cyprès. Un pantalon ballonnant courtise un mouchoir jaune.