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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/215

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LE CHARROYAGE

midi, il est huit heures du soir quand la voix de « Bougon » réveille les corbeaux de son sempiternel refrain.

— À la didae, la didie, la didae, la raie…

Le chemin est rude. Les sleighs mordent le givre, avec impatience. Les chevaux, lents, accordent leurs pas, en mâchonnant quelques bribes de foin, volées avant la sortie de l’écurie.

Peu à peu le ciel se beurre de lumière pâlotte. Un beau sirop d’érable nouveau. Il fera clair à bonne heure. Janvier s’achève. Un soleil plus galant ouvre ses lucarnes avec hâte.

L’attelage de Dionne Desrosiers est déjà en place. 4,000 billots attendent dans une seule pile. Les deux piquets du traîneau, à proximité du tas de bois, sont enlevés et tombent sur la neige, pendus à leurs attaches de fer. Desrosiers décroche ses bêtes. Il guette l’ordre. Les chargeurs fixent une longue chaîne dans une poulie attachée à un arbre solide en face. Ils approchent ensuite 20, 25, 30 bûches. Puis attachent deux chaînon, en nœud coulant, à l’extrémité. Le bois se libère automatiquement lorsqu’il tombe sur le voyage.

Un cri puissant :

— Dionne donnes-y… À ta force !

Les chevaux partent, avec l’autre bout de la chaîne, rapides et encouragés. Les billots se cul-