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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/216

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À LA HACHE

butent, s’entassent. Les hommes les placent avec symétrie sur le traîneau. L’opération recommence. Elle est terminée. Dionne rattelle ses bêtes, replace les poteaux, en joint les petites chaînes au-dessus du voyage. On jette alors une dizaine de billes, à la main, sur le tout, pour l’affermir. Et c’est fait.

Un effort entendu des chevaux. La masse de 16,000 livres décolle d’un coup, glisse, avance en calant. Les huit milles pour aller au lac Caribou déroulent leur miroir biseauté, taché de jour naissant. Assis sur des couvertes à cheval pleines de crottin, Desrosiers se tourne une cigarette, replace son caluron sur les oreilles, l’enfonce jusqu’au cou, se frappe les mains et reprend ses cordeaux.

Peu à peu, la lumière monte. Les branches, pesantes de froid, volent des rayons, au hasard. Les harnais blanchissent avec la respiration des bêtes, qui se cristallise en roulant. Le ciel est en ardoise. Une perdrix sort de la neige, en trombe. La route est large. Le voyage, très haut, sent bon… Tous ces riens rendent le conducteur plus heureux que le fils Carnac regardant bêtement une place vide dans ses édredons, et maudissant la soie de son pyjama, laquelle est encore trop rude pour sa peau de catin…

Voici une descente raide. Les chevaux s’ar-