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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/218

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À LA HACHE

tue. Les braves chevaux sentent le cuir des harnais leur entrer dans la chair. Toujours ils vont. Les fers coupent dans la glace brunie, sur des distances de six pieds à la fois. Quand même ils résistent et retiennent. Un dernier vallonnement. Ce dernier n’est pas dangereux. Avec entrain, les chevaux partent au trot, crinières bouffantes. La belle glace nette est retrouvée. Le voyage oscille, les coins effleurent les arbres, à mi-tronc. Parfois des écorces sont arrachées violemment. Desrosiers conduit, caresse de la voix, encourage ses amis blancs. On arrive sur le lac à fond de train. Une sensation de tomber dans un velours épais vous séduit soudain. Il y a un espace libre, entre deux jetées. La voiture s’arrête. Les préposés au déchargement ont vite accompli leur travail.

Les voyages arrivent continuellement. La glace enfonce peu à peu. L’eau monte sans danger. Cela importe peu et les hommes pataugent dans la neige mouillée, jusqu’aux genoux. Ils s’en fichent. N’y a-t-il pas, sous l’oreiller de paille, les fameux bas secs et doux, envoyés par l’épouse ou la mère ? Vraie caresse réconfortante, au retour…

Et puis, voulez-vous faire rire ces vrais hommes ?… Causez-leur de pneumonie ou de grippe. Avec dédain ils grimacent, car, dans