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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/219

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LE CHARROYAGE

leurs corps sains, la santé déborde par tous les pores.

Le retour au bois est égayé par les chants. Les chevaux écoutent ravis et accordent même, de leurs sabots poilus, lourds de glace. Cela ne les empêche pas de surveiller la route. Vienne un bruit de chaîne, un frottement aigu, la plainte du bois qui se tord, les bonnes bêtes hâtent le pas vers la rencontre la plus rapprochée et s’y jettent d’eux-mêmes, laissant libre le chemin où descend la fortune nationale, en carrés épais.

Charmantes les promenades, lorsque midi jette, en avare, un peu de chaleur à l’hiver fatigué. Les sommiers des traîneaux sont larges comme des lits. On s’y étend paresseusement pour rêver aux rencontres de juillet, avec les compagnes, à l’ombre complice des meules de foin.

Bazinet attache ses cordeaux à un des supports. Ses bêtes le connaissent et savent alors qu’il veut taper un somme. Elles vont d’un pas de berceuse, sous les arbres arrondis. Le temps passe. Le dormeur se caresse la joue. Il fait un geste compromettant et ouvre les deux bras vers le ciel. « Togo » veut prendre cela pour une menace et donne deux vigoureux coups de collier, simultanément. « Bougon » roule dans la neige,