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Page:Necker - Opinion, Relativement au Décret de l'Assemblée Nationale, concernant les titres, les noms, et les armoiries.djvu/6

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particulier de la société des prérogatives utiles & les occupations les plus enviées.

Enfin lorsqu’en écartant toutes les diſtinctions, les habitans du Royaume ont été appelés à concourir enſemble à la formation des Aſſemblées Nationales & Légiſlatives, une participation égale au plus précieux des droits politiques, a pris la place des anciennes diſparités, & les regrets des uns ont été balancés par la ſatisfaction univerſelle des citoyens de l’Empire.

C’eſt donc avec juſte raiſon que ces diverſes inſtitutions, ont été conſidérées comme des loix populaires & patriotiques.

En eſt-il de même du Décret relatif aux titres, aux noms & aux armoiries : il faut pour en juger, examiner ſi le peuple, cette nombreuſe partie de la Nation, a quelque intérêt aux diſpoſitions de la nouvelle Loi. On ne l’aperçoit point, car ce n’eſt pas lui qui peut être jaloux des gradations honorifiques, établies au milieu des ſections de la ſociété avec leſquelles il n’a point de relations habituelles. Tous ceux en ſi grand nombre qui dévouent de quelque manière leur travail ou leur induſtrie au ſervice des propriétaires, n’ont aucun intérêt à recevoir un ſalaire d’un ſimple particulier plutôt que d’un homme décoré d’un titre ou de quelque autre diſtinction. Probablement même ſi l’on conſultoit leur ſentiment intérieur & leurs opinions irréfléchies, l’on trouveroit que dans d’état où les a placés la fortune & ne pouvant changer la nature de leurs fonctions ſociales, loin d’être bleſſés par l’éclat des perſonnes auxquelles ils conſacrent leurs travaux, ils ſe plaiſent ſouvent à en recevoir le reflet.