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Page:Necker - Opinion, Relativement au Décret de l'Assemblée Nationale, concernant les titres, les noms, et les armoiries.djvu/7

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C’eft uniquement dans les relations particulières & ſociales de la vie, que les plus petites diſtinctions affectent la vanité de ceux qui en ſont les ſimples ſpectateurs ; mais le peuple ne partage point ce ſentiment, car il ne ſort point de ſon cercle ; il ne déſire jamais, & il nuiroit à ſon bonheur, s’il avoit cette prétention.

Quelle eſt donc la portion de la ſociété appelée à jouir de la ſuppreſſion de toutes les dénominations honorifiques ? c’eſt uniquement celle qui par ſa fortune ou pas ſon éducation, ſe trouve à peu de diſtance des hommes en poſſeſſion des autres genres de diſtinction. Elle ſera peut-être un moment ſatisfaite, ſi les petites ſommités qui bleſſent encore ſa vue, ſont abſolument détruites ; mais pour un ſi léger ſoulagement, tout en opinion ; pour un bienfait ſi circonſcrit, pour un bienfait indifférent aux ſages, eſt-il juſte de priver une claſſe nombreuſe de Citoyens, des diſtinctions honorifiques qui forment une partie de leur héritage, & dont la perte doit leur être plus pénible que celle des avantages pécuniaires dont ils avoient la poſſeſſion ? Ne ſuffit-il pas d’avoir exigé d’eux tous les ſacrifices profitables au peuple ? eſt-il généreux, eſt-il équitable d’en demander encore d’autres ; & les difficultés du temps préſent, dont l’enſemble eſt bien grand, ne doivent-elles pas engager à diminuer, autant qu’il eſt raisonnablement poſſible, les ſujets de griefs ou les causes d’irritation ?

On peut cependant ſans inconvénient, & même avec les plus juſtes motifs, interdire la mention d’aucun titre dans toutes les Aſſemblées Nationales ou municipales ; l’égalité y eſt néceſſaire, même dans les apparences ; tant il importe