Aller au contenu

Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
LE DIABLE AU CORPS.


derriere ; lorsqu’il sera dedans, tu le pousseras doucement pour qu’il entre ; et, le mettant en cadence, peut-être, après cela, remuera-t-il de lui-même.

(La Comtesse cherche alors à tâtons, entre ses cuisses, le braquemart, qui lui donne sur les doigts une bonne taloche. Philippine, à genoux du côté droit, se saisit de l’outil et le présente à l’embouchure : la Comtesse le sentant à la porte, recule la croupe à l’encontre et le fait pénétrer. La Marquise, les deux mains appuyées au-dessus de la queue du baudet, se dispose à pousser ; mais ce secours devient inutile : l’âne fait de lui-même ce qu’il faut, et se conduit à merveille. La Comtesse, au comble de ses vœux, s’écrie :)


Ah ! foutre !… il me fout !… quelles délices ! cent dieux !… plus d’hommes, foutre ! plus…

(Cette scene rare jette la Marquise et Philippine dans un étonnement inexprimable, mêlé d’un desir dévorant. L’âne allant de mieux en mieux, et la Comtesse le secondant avec fureur, il paraît fort heureux. La Comtesse, dans le délire, sentant la pompe jouer intérieurement à grands flots :)


Mille félicités !… ma chere !… il… il… fond… je suis noyée… je meurs !

(Elle n’a plus de voix, les forces lui manquent ; elle coule, presque sans connaissance, à bas du tabouret ; l’âne, délogé par cette chûte, darde encore au loin quelques jets de sa prolifique liqueur.)

PHILIPPINE.

Miséricorde ! que de bien perdu !

(L’âne se
met à braire de toute sa force.)