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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/281

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LE DIABLE AU CORPS.

NICOLE.

Elle me persuade aussi…

LA MARQUISE.

Ainsi, mes amies, tous vos si grands griefs se réduisent à rien ?

NICOLE.

On le dirait.

LA MARQUISE.

Vous êtes toutes deux gentilles ; toutes deux vous avez le cœur excellent ; et vous seriez faites pour vivre d’autant mieux ensemble que vous vous chauffez à peu près du même bois… Je vous aimerais avec une parfaite égalité, si vous, M.lle Philippine, vous n’étiez pas jalouse, comme un vieux chat, de tout ce que j’ai l’air de voir avec un certain plaisir autour de moi ; et si vous, M.lle Nicole, vous n’étiez pas sujette à l’humeur comme un vieux dogue, et caustique comme un démon. Mais, puisqu’il faut avoir de l’indulgence pour les personnes avec qui l’on vit, je vous prie seulement de vous corriger autant que possible, et de bien vivre ensemble : pour lors, je me charge de faire ensorte que toutes deux vous soyez heureuses avec moi… Ça ! qu’on s’embrasse ?…

(À cet ordre elles font un mouvement également prompt pour s’approcher. Elles se baisent d’abord joue à joue des deux côtés. C’est Nicole qui essaie la premiere de mettre sa bouche sur celle de Philippine ; celle-ci répond de grand cœur à ce franc témoignage d’amitié. Nicole, alors, risque de donner un petit bout de langue, Philippine rougit jusqu’au blanc des yeux, et riposte.)

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