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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/340

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LE DIABLE AU CORPS.

BELAMOUR.

Madame met un peu de malice à tout. — D’une autre part, la future du chirurgien m’avait pénétré d’une si tendre reconnaissance, et la pitié l’avait elle-même si tendrement disposée à mon égard…

LA MARQUISE.

Voilà bien de l’attendrissement !

BELAMOUR.

On s’attache par ses propres bienfaits : en un mot, nous nous aimions déja beaucoup au bout d’une huitaine. Un jour, nous nous le dîmes des yeux, le lendemain de bouche ; le lendemain nous traitâmes cette matiere à fond…

LA MARQUISE.

C’est-à-dire que vous fûtes entreprenant ; et que le lendemain vous fîtes à votre belle la façon d’un enfant ?

BELAMOUR.

Non, Madame. Je n’avais pas tout l’usage de la Trimouille[1] : mais ma jolie bienfaitrice m’assura qu’avant même de me connaître, elle avait, pour le suppôt de St. Côme, une répugnance insurmontable, qui, depuis que nous étions ensemble, était devenue l’aversion la plus décidée. Il est bon de vous dire, Madame, que certain parrain, jadis amant de la mere,

  1. Voyez au poëme de la Pucelle de Voltaire, l’épisode de Dorothée.