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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/528

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LE DIABLE AU CORPS.


Ah !… ah !… — Quel dommage ! il faut pourtant aller savoir ce qu’elle veut. » Alors, se secouant comme la poule qui sort de dessous le coq, et rajustant son fichu, l’exacte soubrette s’échappe et se rend, d’un pas léger, où l’appelle son service.

Ne faites aucun effort, cher lecteur, pour imaginer ce qu’Hilarion, livré à lui-même, put penser après cette étonnante fortune. Un capucin, pense peu. D’ailleurs, l’ame de celui-ci, se trouvant parfaitement bien où la Nature l’avait logée, ne s’était jamais avisée de monter jusqu’au cerveau. Mais, Nicole était, comme on sait, une bonne tête. Elle discuta donc fort sérieusement, en elle-même, le pour et le contre de sa nouvelle liaison ; pesa, comme au trébuchet, le mérite d’un être… qui, dans le fait, ne pouvait plus lui paraître désagréable qu’en buste ; or, le résultat, fort sage, d’une mure délibération, fut… que pour le tems qu’on passerait encore à la campagne, elle ferait, du révérend, sa piece de bœuf. Hilarion avait (elle s’en était apperçue) le pied sale, la dent jaunâtre et tartareuse ; le cuir, en général, huileux et sentant un peu le faguenas ; mais… quel beau… long… ferme… succulent boute-joie !…[1] Pour remédier au reste,

  1. Ceci, qui n’est pas une légere épigramme contre le goût dominant du beau sexe pour les Phénomenes virils, nous rappelle l’antiquité dont les monumens érotiques, de tous genres, nous peignent des beautés
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