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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/545

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LE DIABLE AU CORPS.


quelque chose de plus qu’un simple mortel. — Au milieu d’un sallon aussi voluptueusement que richement décoré, et brillant de lumiere ; se voyant vingt fois, de la tête aux pieds, dans les glaces ; invité par des meubles d’un goût, d’une molesse !… Hilarion veillait-il ? faisait-il un beau songe ? — Y avait-il, tout de bon, un besacier transplanté de l’étable de St. François, dans le temple de quelque fée ! — Cependant, après les premiers instans de sa capucine stupeur, Mahomet, enfin, se familiarisait avec sa prophétique effigie ; répétait, fort comiquement, devant les glaces, la leçon que Nicole lui avait donnée, et procurait, par son frappant ridicule, un moment de gaieté bien piquante à deux témoins cachés[1], la Dame et la soubrette qui, voyant d’un réduit secret (tout aussi bien que du sallon même) avaient été dix fois sur le point de se trahir par leurs éclats. —

Pour ne rien laisser à desirer sur la situation où

    assez triste ; le pieux Directeur n’y avait été introduit (et n’en était sorti) que par l’escalier dérobé, la nuit et à la faible lueur d’une veilleuse.

  1. Qu’on ne soit pas étonné de voir, presque par-tout, la Marquise aux aguets et se donnant le plaisir de voir sans être vue : chacun a ses faiblesses, telle était la sienne, si c’en est une que cette curiosité qui n’avait jamais pour objet que le plaisir. Bien des curieux épient les actions du prochain avec des vues moins innocentes. (Note du Docteur.)