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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/549

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LE DIABLE AU CORPS.


quel jet ! quel contour mâle et hardi !… quel air d’audace lui donne cette cambrure légere !… C’est un morceau de fer, encore brûlant, que Vénus vient de faire façonner à la forge de son époux !… — Voyez cette perle qui déja s’enfle à l’étroit et vermeil orifice !… Elle est d’un bien heureux présage… De combien s’alongera le fil onctueux dans lequel elle se transforme au bout du doigt qui vient de la toucher ? Qu’il sera doux de tarir ces outres dont la plénitude surabondante n’empêche pas qu’on n’y sente, sous le doigt, bouillir l’huile sublime du plaisir.

Aux ravissemens de cette contemplation extatique, il était tems d’en faire succéder de plus réels. Le Dieu suffisamment adoré, languissait après un autel. Il est si accommodant ! Ennemi du luxe, moins son temple a la vogue, plus sa niche est étroite, plus il y est mal à l’aise… plus alors il se croit honoré… C’est même pour cela que, souvent, abandonnant les vastes nefs, il a l’humble caprice de se confiner dans quelque obscure chapelle, dans quelque recoin de la sacristie. Cependant, n’insultons point à l’irréprochable amulette de notre Prophete ; elle connaît déja ce qui l’attend, et ne desire que ce qu’elle connaît. Elle sait quel commerce légitime d’adorations et de bénédictions doit s’établir, dans un moment, entre une houri qui se fait diviniser, et un Pere des croyans qui la divinise.