Aller au contenu

Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/548

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
LE DIABLE AU CORPS.


regards trop téméraires sur ta face prophétique… (en même-tems, elle s’était saisie d’un coussin et jetée aux pieds de l’idole)… — Que faites-vous, belle souris (repart alors l’imbécille, en tâchant de la relever… Il ne se rappellait plus le sage conseil de Nicole… Peu s’en faut qu’assommée de cette bêtise, la feinte houri ne renonce à son jeu de théatre, et n’envoie paître le coryphée de l’alcoran… Mais, pourquoi ! la mal-adresse d’un accessoire ne doit pas décider du sort d’une piece : baissera-t-on la toile avant d’avoir vu paraître le Premier rôle ! il n’y aurait pas à cela de bon sens… Ne vaut-il pas beaucoup mieux ajouter… « Ah ! que du moins, avec un organe moins délicat… je reconnaisse le sceau sublime qui m’imprima les premiers caracteres de mon actuelle divinité. » En même-tems, avec autant de célérité que d’adresse, elle force la prison de l’impatient braquemart, dont elle se trouvait si proche que, lui-même ayant fait en dedans un vigoureux effort, elle en est brusquement soufflettée, lorsqu’il part… mais une brutalité de cette nature peut-elle donner de l’humeur ? Comme un écuyer prudent flatte, de la main, son bon cheval qui, par gaieté, vient de lui faire une sottise, de même, la houri, d’une main satinée, caresse le fougueux boute-joie, tandis que l’autre l’assujettit, afin de donner aux yeux toute la satisfaction d’un curieux et complet examen. — Qu’il est beau !…

  2
15…