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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/570

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LE DIABLE AU CORPS.


et de crier comme s’il était égorgé ! Je laisse à penser si c’est de l’intérêt et de la compassion qu’il inspire ? — « Ô fatalité ! le palladium du couvent ! la banniere de la charité des bons Chrétiens, ainsi mutilée, déshonorée, profanée ! Que va devenir Hilarion ? quel compte pourra-t-il rendre à son Ordre, d’un événement aussi fatal ? Jusqu’à quand sera-t-il obligé de cacher sa honteuse face ! Quel sujet capable de l’importante mission à laquelle il cesse d’être propre, réparera les pertes énormes que la chûte de son poil va faire souffrir au couvent ? Ciseaux de Belzébut ! le mal que vous venez de causer est sans remede ».

C’est tout cela que devait exprimer, sans savoir le dire, l’infortuné pénaillon, levant les yeux au ciel, beuglant, et s’attachant plus encore à comparer les deux côtés de sa barbe dégradée, qu’à étancher le sang qui suintait de son menton et de son oreille.

L’assemblée, après des convulsions de rire, se retira plus satisfaite qu’on ne l’est souvent au sortir des salles de spectacle. Nicole, après avoir mis dehors, à coups de pêle, Hilarion, Belamour et La Plante, se barricada pour défaire, à son aise, les nates qui lui restaient, et pour bouder…

Depuis quelque tems on avait, au couvent, contre la conduite du Révérend Hilarion, des soupçons que le Curé prenait soin de fomenter avec une tartufique adresse. Sa Révérence fut