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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/58

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LE DIABLE AU CORPS.


lesquelles il a fallu tant de peine pour t’arracher, auraient, avec leur bigoterie et leur sotte pudeur, gâté le plus heureux naturel. Faire de toi une vestale, ou du moins l’obscure épouse de quelque malotru d’artisan ! c’était un beau projet, ma foi ! Laissons ces vertueux métiers aux laides, aux maussades ; mais une jolie femme, dans quel état que le sort l’ait fait naître, se doit aux voluptés. Toute à tous, voilà quel doit être notre cri de guerre : c’est ma devise au moins. Je veux qu’elle soit aussi la tienne. Tu te trouves bien sans doute des douces habitudes que je t’ai fait contracter ? Quant à moi, je suis, par mon systême, la plus heureuse des femmes. Nargue des préjugés, et donnons-nous en tant et plus.

PHILIPPINE.

Charmante morale, Madame ! Je crains fort cependant que votre systême, tout attrayant qu’il est, ne vous mene aussi par trop loin ! Vous vous livrez trop (excusez la liberté que je prends, Madame) ; vous vous livrez trop à vos caprices libertins. Quelque robuste que soit votre tempérament, quelque solide que soit votre beauté, vous risquez de vous user bien vîte. D’ailleurs vous n’êtes pas toujours prudente et je tremble qu’enfin Monsieur le Marquis…

LA MARQUISE.

Mon mari ! ce polisson ![1] de quel droit

  1. Quoique ce livre ne soit nullement un cadre conve-