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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/656

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LE DIABLE AU CORPS.


» là ». — En même-tems je le fais tomber dans le canapé. Je suis d’abord indécise… Lui ferai-je face ? ou bien, lui tournant le dos, le favoriserai-je à la maniere de Berlin ? Dans ce moment je remarque que le Cellérier a les dents moins belles et d’ailleurs un boute-joie moins distingué… C’est donc le maître des hôtes qui primera. Je l’enfourche et lui passe mes bras autour du cou : il le desirait ainsi. Cette préférence réfléchie le flatte et double ses moyens. Il s’élance avec le plus fier courage dans la lice orientale ; l’occidentale n’est pas moins vivement enfilée par le luxurieux Cellérier. Celui-ci fournit assez vîte sa tâche ; j’ai fait aussi la mienne ; mais le maître des hôtes, aux ressorts apparemment plus rétifs, est encore bien loin du dénouement. Je ne veux pas essuyer un affront ; je me trémousse sur le personnage à l’assommer, à briser le meuble, à faire écrouler le plancher. Cette excessive mobilité n’empêche pas le Prieur, de retour, grand Cartésien et pénétré d’horreur pour le vuide, de me ficher à la volée son infatigable boutoir dans le moule dilaté que le sobre Cellérier venait de laisser libre… Foutre ! si l’on mourait de plaisir, j’aurais expiré sans doute au moment où mon enconné finissait sa tardive mais quadruple besogne. Quels feux ! quels flots ! C’était justement comme je jetais les miens. L’agréable postillon que me donnait Dom Ribaudin faisait merveilles. J’étais, ils étaient aux cieux. Nous fondîmes comme la cire sur un brasier : nous pâmâmes, nous roulâmes et demeurâmes bien (au dire des témoins) quatre minutes sans donner signe de

vie.