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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/716

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LE DIABLE AU CORPS.


d’après, le vainqueur parut avoir un déplaisir sincere. En conséquence, pour réparer autant qu’il était en son pouvoir le malheur dont il venait d’être cause, il trouva bon que le mourant, qui souhaitait aussi de s’en aller avec la conscience nette, acquittât, avant d’expirer, la dette de l’honneur et fut in extremis marié avec sa chere Julie. Celle-ci donc, épouse avec le consentement de son pere, fut veuve le lendemain, et le sur-lendemain, mere d’un beau garçon, dont la naissance était, comme l’on voit, très-légitime. Toutefois il ne plut point au peu compâtissant banquier de rien changer aux vues qu’il avait dès long-tems conçues pour sa fille. Il mit secrétement le nouveau-né dans une maison d’enfans trouvés et condamna la veuve à faire, dans un couvent moins accessible, une retraite de deux années ; après quoi, certain Robin riche et sot, lui fut présenté comme devant l’épouser, ce qu’elle trouva bien plus agréable que de languir dans un cloître, où son rôle de désespérée, (qu’elle croyait devoir soutenir par esprit de conséquence) commençait à lui devenir fort à charge. Bien entendu que l’honnête magistrat ne savait pas un mot ni du rapt, (tenu secret, ou peut-être oublié,) ni de l’enfant dont le grand-pere seul, avait eu connaissance.

Mademoiselle Julie, par son mariage, était devenue Présidente. Pour lui faire honneur, son