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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/723

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LE DIABLE AU CORPS.


d’être moins extravagante ; et tu me béniras, dans peu, de te l’avoir conseillé.

LA COMTESSE.

Belle morale hors de saison, ma chere. Deviens hétéroclite autant qu’il te plaira ; je n’empêche. Quant à moi, dusse-je effaroucher ta naissante pruderie, je te déclare que je veux enchérir encore, s’il est possible, sur mes précédens ébats. Je vais m’en donner mieux, ou si tu veux, pis que jamais. Hommes, femmes, filles, enfans ; qualité, roture ; maîtres, valets ; beauté, laideur, et jusqu’à la vieillesse, mon insatiable tempérament va tout mettre à contribution, et si la France ne suffit pas, l’Europe, les quatres parties du monde seront forcées de l’alimenter. Je suis honteuse quand je pense que jamais encore je n’ai eu le noble courage d’essayer à quel point une femme de ma trempe peut s’élever en gloire, et combien de vits elle peut mater, tarir, annuller. Oui ; dix, vingt, trente fois, cent fois, par jour, si je puis, je veux être branlée, gamahuchée, foutue, enculée, et…

LA MARQUISE.

Mais, paix donc, paix donc, insensée ! sais-tu bien que tu n’es plus simplement libertine ; que bien plutôt tu deviens maniaque, nymphomane ; oui, ton état est, j’en tremble, une dangereuse maladie.

LA COMTESSE, exaltée.

Malade, moi !

(Avec emphase :)

Paraissez, Navarrois, Maures et Castillans,

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