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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/724

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LE DIABLE AU CORPS.


et vous saurez, si j’ai de la santé de reste pour pomper jusqu’à la moelle de vos os… Mais c’est toi d’abord que j’attaque…

(Elle commence à polissonner.)


Toi, qui prétends me prêcher, au lieu de me donner du plaisir… tu vas payer pour les déserteurs, et te ressentir de ce que, graces à la romanesque bienfaisance, il n’y a plus ici figure humaine pour assouvir la rage de mes desirs.

(Elle s’est déja mise à fourrager avec la plus extrême pétulance. La Marquise, qui n’a pu, sans être fort égayée, voir le ridicule des rodomontades de sa folle amie, n’a presque point eu de force pour résister. Son commencement de conversion n’est point à l’épreuve d’une tentation aussi forte que celle qui lui est suscitée par son habilissime séductrice. Celle-ci se met avec transport à la gamahucher. Le sérieux, qu’occasionnent toujours les approches du plaisir suprême, succede enfin chez la Marquise à l’enjouement ; elle est résignée, s’enflamme, s’égare et jouit. — Après cette délicieuse crise, elle embrasse tendrement la Comtesse et lui dit :)

LA MARQUISE.

Comment t’en vouloir, quand tu combats avec de telles armes ma vacillante philosophie ! Mets-toi là, mon cœur : que je te rende, s’il est possible, le bien inexprimable dont tu viens de me faire jouir.

LA COMTESSE, souriant.

Eh non, non ; Madame est trop sage.