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Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/452

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et qui naissaient, de l’accueil que lui avait fait M. Decazes, alors ministre, il s’enrôla, on l’a vu, définitivement dans l’opposition en 1819, après avoir écrit dans un style au moins aussi brutal que spirituel sa Lettre à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qui avait commis le crime irrémissible de ne pas l’élire comme successeur de son beau-père M. Clavier.

C’est dans ses lettres écrites au Censeur, entre le mois d’avril 1819 et le mois de juillet 1820, qu’on trouve l’idéal de sa politique, et que son style définitif commence à se montrer. Il dit dans un de ces petits pamphlets : « La nation fera marcher le gouvernement comme un cocher qu’on paye et qui doit nous mener, non où il veut et comme il veut, mais où nous prétendons aller et par le chemin qui nous convient. » La comparaison est ici à la hauteur de la pensée ; elle peint l’homme tout entier et, en même temps, tout l’esprit révolutionnaire dont il est la personnification, quand il cherche ainsi à se consoler du devoir d’obéir, en revendiquant,

    femme était dans la première fleur de la jeunesse. Sa correspondance indique que le mariage, comme le disait Érasme de Luther, ne l’avait guère adouci : « Ton sermon me fait grand plaisir, écrivait-il à madame Courier, dès la première année de son mariage. Tu me prêches sur la nécessité de plaire aux gens que l’on voit, et de faire des frais pour cela ; et, comme s’il ne tenait qu’à moi, tu m’y engages fort sérieusement et le plus joliment du monde : tu ne peux rien dire qu’avec grâce. Mais je te répondrai, moi : — Ne forçons point notre talent ; c’est la Fontaine qui l’a dit. Si Dieu m’a créé bourru, bourru je dois vivre et mourir. »