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Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/453

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contre le pouvoir, le droit de l’insulte et du mépris.

Il y a des hommes qui haïssent l’autorité à cause du mauvais usage qu’on en fait ; Courier la haïssait pour elle-même, et tout simplement parce qu’elle était l’autorité. Le plus grand tort du pouvoir à ses yeux, c’était d’être le pouvoir. « Notre ennemi, c’est notre maître, » telle était sa morale ; morale assez immorale, quoiqu’elle soit de Jean la Fontaine, ce fabuliste d’une bonhomie méchante, qui souvent se trouve être un satirique bien au-dessus de Perse et Juvénal. Tout le secret de la politique de Paul-Louis est dans cette maxime. C’était au même titre qu’il attaqua pendant la restauration les trois personnes sociales qu’il trouvait au-dessus de sa tête : le roi, le noble et le prêtre. Le tort du roi, c’était de dominer du haut du trône ; le tort du noble, de dominer du haut de son arbre généalogique, qui enfonçait ses racines dans un glorieux passé ; le tort du prêtre, de dominer du haut de la chaire. Avez-vous ressenti quelquefois, par un temps de pluie et de boue, ces mouvements de colère dont le piéton est animé contre l’homme en carrosse ? Eh bien ! agrandissez cette disposition d’esprit et faites-en une habitude permanente, et vous aurez une définition exacte de la nature de Paul-Louis Courier. C’était un piéton qui voulait éclabousser les voitures.

Il faisait dans la littérature politique précisément ce qu’on a fait plus tard au théâtre, ce que Béranger faisait à la même époque dans ses chansons, et ce que la révolution de 93 avait fait en action, avant Béranger et Cou-