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Page:Neulliès - Tante Gertrude, 1919.djvu/152

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TANTE GERTRUDE

— Oh ! Jean !… Merci !

Levant alors la tête et l’enveloppant de son regard caressant devenu soudain timide comme celui d’un enfant :

— Jean, dit-elle gravement du même ton dont elle eût prêté un serment, quoi qu’il arrive, je suis à vous ! Jamais je ne serai la femme d’un autre… Je vous appartiens pour toujours…

Il la suivit longtemps des yeux comme elle s’éloignait, ne se doutant certes pas du bonheur qui l’attendait… Elle marchait maintenant la tête haute, bien décidée à lutter, à se conserver pure et fière pour celui à qui elle avait donné sa foi. Ni le comte de Ponthieu, ni d’autres ne la feraient faiblir ! et, à n’importe quel prix, elle serait la femme de Jean Bernard !…

Il ne dormit guère cette nuit-là, le régisseur de Neufmoulins : le bonheur le tint éveillé… De radieuses visions d’amour et de fortune se déroulaient devant ses yeux éblouis… Il entendait toujours la voix vibrante de tendresse de la châtelaine :

— Mon enfant !… Mon pauvre Jean !… Ce que Neufmoulins veut, Neufmoulins peut !…

Et une profonde reconnaissance emplissait son cœur pour la vieille fille qui avait su si bien jouer son rôle, qui, sans souci de l’opinion de tous, n’avait eu qu’un but, qu’une pensée : faire le bonheur de ses deux enfants.