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Page:Neulliès - Tante Gertrude, 1919.djvu/153

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TANTE GERTRUDE

CHAPITRE XV


— Voyons, chère Paule, ne vous désespérez pas ainsi. Puisque Jean vous a dit que quoi qu’il arrive vous pouviez compter sur lui, il faut avoir confiance et vous montrer courageuse.

— Mais que signifie l’arrivée de ce Ponthieu dont on n’avait jamais plus entendu parler ! Je suis sûre que ma tante aura encore manigancé là un tour de sa façon pour m’empêcher à n’importe quel prix d’épouser Jean ! Et le supplice de cette incertitude dans laquelle il m’a laissée !… Pourquoi ne m’a-t-il rien dit ? Que s’est-il passé hier entre lui et tante Gertrude ? Oh ! Thérèse, j’ai peur qu’il soit parti pour toujours et qu’il n’ait pas osé me l’avouer, craignant ma faiblesse et mes larmes ! Si j’allais ne plus le revoir !… Si tout était fini !…

Et une expression de terreur inexprimable passait dans les prunelles humides qui se levaient éplorées, cherchant à lire sur le visage de Thérèse sa pensée intime. Celle-ci, touchée par la peine de son amie, mais impuissante à la tirer d’inquiétude, ne sachant rien, étant comme elle dans une ignorance complète des projets de la vieille châtelaine, resta quelque temps silencieuse, puis embrassant Paulette, elle demanda :

— Que vous a dit Mlle Gertrude, hier soir, lorsque vous êtes rentrée ?

— Rien qui ait pu me rassurer… au contraire ! « Ma chère, a-t-elle déclaré de sa voix la plus sèche, tu voudras bien me faire le plaisir de ne plus me parler, pour le moment du moins, de ce Jean Bernard que j’ai mis à la porte et que je compte bien ne plus revoir ! J’attends demain M. de Ponthieu, qui m’a écrit pour m’annoncer sa visite et qui désire renouveler connaissance avec toi. J’espère que tu sauras lui faire l’accueil qu’il convient ; après son départ, si cette sotte affaire te tient encore à cœur, nous en recauserons tout à