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Page:Neulliès - Tante Gertrude, 1919.djvu/79

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TANTE GERTRUDE

— Thérèse, je suis venue pour que vous arrangiez ma coiffure ! Ma bonne est si maladroite que je ne peux rien lui demander. Et puis, ses gros doigts rouges et gauches me font frémir !

— Thérèse, j’ai déchiré ma dentelle ; que faire ? Venez à mon secours !

Et la jeune fille, avec une bonne grâce charmante, arrangeait les boucles rebelles, réparait le dégât dans la toilette, rendait à Paulette mille petits services. Celle-ci, pour la remercier, l’embrassait avec un tendre abandon qui allait au cœur de l’orpheline : Thérèse se fût jetée au feu pour Mme Wanel.

Avec l’été les vacances étaient revenues et Jean Bernard avait retrouvé ses deux enfants, comme il les appelait.

Madeleine, avec ce tact exquis qui était en elle, se montrait encore plus affectueuse pour Mme Wanel depuis qu’elle avait appris ses infortunes : elle ne laissait échapper aucune occasion de lui témoigner son attachement. Une aventure qui arriva à la fillette, resserra encore les tendres liens qui les unissaient.

Une après-midi que la chaleur avait été accablante, Paulette et Thérèse s’étaient réfugiées sous les grands marronniers, auprès de la pièce d’eau qui se trouvait dans le parc assez loin du château ; Madeleine était venue les rejoindre. Elles bavardaient gaiement, tout en admirant le travail de la jeune demoiselle de compagnie, une dentelle d’un fini extraordinaire qu’elle destinait à Mme Wanel. Cette dernière, apercevant tout à coup des nénuphars dont les coquettes têtes blanches émergeaient sur la surface de l’eau s’extasia sur leur beauté.

— Comme j’aimerais à en avoir une grosse touffe pour mettre dans la corbeille de mon salon ! s’écria-t-elle.

— C’est très facile, dit vivement Madeleine ; je vais prendre la petite barque et je vous en cueillerai beaucoup. Ça me fera du bien, d’ailleurs, de bouger un peu ; il y a longtemps que je suis assise !

— Prenez bien des précautions, mignonne, recommanda Paule.