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Page:Nichault - Anatole.djvu/106

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deur de Saint-Albert vint bientôt l’y rejoindre, et voyant l’expression de mécontentement répandue sur son visage, il lui dit :

— Comment se fait-il qu’on ait le regard aussi triste quand on vient de causer tant de joie ?

— Je ne sais, répondit madame de Saverny, sans avoir l’air de comprendre la fin de cette phrase, mais il est vrai qu’aujourd’hui je suis assez maussade.

— C’est une manière de répondre que vous ne vous souciez pas de me dire ce qui vous importune ; tranquillisez-vous, je suis discret, et ne demande jamais ce que je sais.

— Puisque vous êtes si bien instruit, faites-moi, je vous en prie, la confidence de ce que j’éprouve ?

— Non, vraiment ; je n’aime point à me mêler des affaires de famille ; d’ailleurs, vous savez si l’on perd son temps à m’interroger ?

— Aussi n’ai-je plus envie de rien savoir de vous.

— C’est dommage, car je me sens ce soir une certaine disposition au bavardage, dont votre curiosité aurait pu profiter.

— Je ne suis plus curieuse.

— Je l’avais bien prévu que ce caprice ne durerait pas plus qu’un autre.

— En vérité, vous jugez de tout admirablement, reprit Valentine ; au reste, quand on prend la reconnaissance pour du caprice, on peut bien prendre le silence pour de l’oubli.